
Pour
compléter mon
post précédent, il me semble
important de parler d'un autre
événement, antérieur au
coup d'état, qui est passé
inaperçu à l
'étranger mais qui a eu l
'effet d'une bombe auprès de la
communauté d'expatriés en Thailande, et qui pourrait avoir des
conséquences économiques bien
plus importantes que
l'éphèmère apparition militaire.
Le
gouvernement a annoncé un
durcissement de la
politique d'extension des visas de tourisme.
En
Thailande, comme un peu partout, il faut un
visa pour pouvoir
travailler. En revanche, pour
visiter, les ressortissants de nombreux pays, dont
l'Europe et les
US, n'ont pas besoin de visa pour un séjour
inférieur à 30 jours.
Mais à l'inverse de nombreux pays, la
Thailande, jusqu'à maintenant, autorisait le renouvellement de
visas de tourisme à l'infini. Ainsi, de
nombreux expatriés en Thailande n'ont pas de
visa de travail, mais gagnent leur vie. Ils sont patrons de bar, profs d'Anglais, moniteurs de plongée, ou comme moi, (de plus en plus avec le développement d'Internet et des nouveaux métiers du type Web Designer, Web Developer, Référencement, etc.) ne
travaillent pas en Thailande mais
depuis la Thailande. Ils
gagnent leur vie à l
'étranger mais
dépensent en Thailande. Pour pouvoir faire ça, ils doivent
renouveler leur visa tous les
30 jours en sortant du pays. Et en y re-rentrant immédiatement. Ca se fait en une journée, et on appelle ça un
Visa Run.
De nombreuses
sociétés se sont montées qui proposent des
Visa Runs depuis les grandes villes de
Thailande. Ainsi, tous les jours, des
dizaines de mini-bus et de cars partent vers les frontières voisines pour revenir le soir même.
Pour
Bangkok et
Pattaya, c'est le
Cambodge, pour
Chiang Mai, le
Laos, pour
Phuket, la
Malaisie, etc.
La
communauté d'expatriés se décompose donc en
2 catégories :
ceux qui ont un visa (de travail, de retraité, parce qu'ils sont mariés, etc) et
ceux qui n'en ont pas.
Mais c'est souvent dans cette
seconde catégorie qu'on trouve ceux qui sont là depuis
longtemps, les
amoureux de la
Thailande. Certains y habitent depuis
5 ou 10 ans et font des
visa runs tous les mois.
Le
gouvernement thailandais a donc annoncé récemment qu'à partir du
1er Octobre 2006, on ne pourrait
pas renouveler son visa de cette manière
plus de 2 fois : C'est à dire qu'une personne qui entre en
Thailande à partir de cette date peut rester 30 jours, puis 2 fois 30 jours, soit
90 jours au total. Ensuite, il faudra
quitter le pays pendant 90 jours avant de pouvoir revenir !!! Cela s'applique aussi évidement à ceux qui sont déjà sur place.
Pour de nombreux
expatriés sans visa, ça signifie un
retour au pays, ou le choix d'une
autre destination !
Les raisons de ce changement ne sont
pas très claires. Il parait que chaque année ce sujet est abordé et la menace annoncée, mais il semblerait que cette année ce soit un peu plus
officiel.
On entend parfois que ca vise en premier lieu les
Chinois et les
Indiens, grands "
consommateurs" de visa de tourisme, mais dans ce cas là pourquoi ne pas l'appliquer par nationalité ?
On dit aussi que la
Thailande veut se débarasser des
pédophiles et autres
tarés (l'affaire
Karr, très médiatisée partout dans le monde, a encore renforcée l'image négative du pays à ce sujet à l'étranger et a clairement agacé les autorités locales, à juste titre). Il est vrai que certains sont de vrai parasites et apportent beaucoup de problèmes, mais la
majorité des expatriés sont des gens qui travaillent, qui s'intègrent, qui aime ce pays et leur vie différente de la vie en
Europe ou aux
US. Et puis changer la politique de visa ne réglera pas le problème.
Certains pensent que c'est aussi
en vue des élections que le
gouvernement a voulu montrer à ses électeurs qu'il n'a pas oublié leur crédo : "
La Thailande aux Thailandais". Le
nationalisme est très fort dans ce pays et il est "bon" de rappeler parfois que le pays ne se laisse pas
envahir.
Mais sur le
plan économique, il est clair que cette décision est
complétement irrationnelle.
D'ailleurs, si ces mesures sont appliquées, cela aura des
conséquences sérieuses pour tout le monde :
- en premier lieu
pour les expats sans visa, qui vont devoir
quitter le pays. Moi y compris. Mais je n'ai pas grand chose à perdre. La
Thailande n'est qu'une étape (même si on travaille toujours sur "MoveThailand.com", le bien nommé :) ). Pour d'autres c'est plus
pénible. Certains ont un
appartement ou un
business, leur
vie ici, leurs amis, etc.
- ensuite ce sont
les Thais qui vont perdre une
grosse source de revenus. Même si les
expats sans visa de travail ne sont peut être pas ceux qui
dépensent le plus, ils dépensent plus que de nombreux locaux. Et puis ils sont là
dans la durée. Et enfin ils sont souvent présents aussi dans les
plus petites villes, dans les
régions moins riches, quand la
majorité des
expats en situation
"légale" habite à
Bangkok ou
Pattaya.
Outre l'argent qu'ils dépensent, beaucoup d'expats ont ouvert des bars, des guest-houses, etc, bref font
vivre le pays et
venir des touristes.
- enfin, pour les
expats qui ont un visa, pour les
businessmen, pour les
investisseurs, cela prouve s'il en était encore besoin, combien ce pays est
instable. Qui va venir
acheter un appartement ou mettre dans l'argent dans un
business alors que rien ne vous garantit que vous n'aurez pas à faire vos valises très rapidement ? Aujourd'hui le gouvernement s'en prend au
visa de touriste. Et demain ? Au
visa de travail ? Aux
expats ? Aux
sociétés étrangères (
Carrefour et
Tesco n'ont déjà pas apprécié d'apprendre que leur
expansion dans le pays serait
contrôlée et limitée pour
préserver le petit commerce. Discussion d'un autre age chez nous).
Bref, ce
mois d'Octobre sera décisif à plus d'un titre pour beaucoup de monde en
Thailande. Encore une fois : Wait and See...
Dans le
courrier des lecteurs du
Bangkok Post, un
Anglais s'énervait : faute de visa, il va devoir bientôt quitter ce pays dans lequel il habite depuis des années, alors qu'au même moment, l'
Angleterre accueille à bras ouverts l
'ex-Premier Minsitre thailandais, sans visa, et pour une
durée indéterminée !
A moins que monsieur
Shinawatra n'ait déjà le statut de
réfugié politique...